Entretien avec Sylvie Chevallier, conseillère départementale du canton Sud Bergeracois et Vice-présidente en charge du tourisme.
Vous êtes à la fois Vice-présidente au Tourisme et présidente du Comité Départemental du Tourisme (CDT). En quoi consiste ces deux mandats ?
C‘est nouveau en Dordogne, que la Vice-présidence au tourisme soit confiée à la même personne que la présidence du CDT. Je remercie d’ailleurs le Président Germinal Peiro de m’avoir proposé ces deux mandats. En effet, cela m’a donné les moyens de comprendre et d’agir sur la complémentarité des deux missions.
Le service du tourisme est souvent présenté comme agissant sur la structuration du territoire (chemins de randonnée, vélo route…), ce qui est juste mais incomplet. Par ailleurs, le CDT est connu pour la promotion touristique qu’il effectue. Mais ce n’est également qu’une partie de ses missions.
En réalité, ce que regroupe l’économie touristique est très vaste et assez complexe au vue notamment, du nombre et de la diversité des acteurs qui la génèrent mais également de l’évolution extrêmement rapide des techniques ou de la diversité des attentes et pratiques des visiteurs.
Plutôt que de détailler les missions de chaque entité, qui ont l’avantage, pour l’une d’être adossée à la grande maison départementale et pour l’autre d’avoir la souplesse d’une association, je préfère parler du « pôle tourisme » dans son ensemble. Car depuis quelques mois, et grâce à plusieurs réunions de travail, les équipes ont accru leur collaboration interne pour optimiser le service rendu aux porteurs de projets que sont les entreprises et collectivités, aux filières et au client final qu’est le visiteur.
Ils ont également accru les partenariats avec les autres services du département, les Offices du tourisme, le Comité Régional du Tourisme, la Région …
La stratégie a pour but d’optimiser l’attractivité du Département, de développer la diversité des offres, de maintenir ou d’améliorer la qualité du séjour et de susciter l’envie de rester plus longtemps ou de revenir afin que ce secteur soit économiquement dynamique.
Plusieurs animations sont prévues avant la pleine saison touristique. Quelles sont-elles et pourquoi ce choix ?
Il est vrai que ce printemps est particulièrement riches en événements cette année et cela a énormément mobilisé les équipes. Chaque action a sa raison d’être, son public et éclaire la Dordogne de façon particulière.
En premier lieu, nous avons lancé « le chemin d’Amadour » tout d’abord au salon de la randonnée de Lyon, puis ici en Dordogne à Périgueux. C’est un chemin de grande itinérance entre Soulac et Rocamadour qui traverse 4 départements (Gironde, Lot et Garonne, Dordogne et Lot) et relie 10 sites inscrits au patrimoine mondial par l’Unesco. Initié il y a plus de quatre ans, il a été piloté par le service du tourisme de la Dordogne et propose « de mettre ses pas dans la légende de Zachée, appelé plus tard Rocamadour et sa femme Véronique ». Entièrement balisé sur 500 kms (600 avec les liaisons aux gares), il propose un voyage en 21 étapes. Il s’agit d’un projet qui structure notre territoire. Ce chemin est une nouvelle offre qui devrait être propice au développement de l’économie locale : hébergement, conciergerie et portage de bagages, restauration, épicerie ou encore bars.
La troisième édition de « Châteaux en fête » a été inaugurée le 15 avril 2023 au Château Barrière de Périgueux. Il s’agit du démarrage de la saison touristique autour d’une thématique qui est développée sur l’ensemble du département, qui fait rêver et nous différentie des autres territoires. Plus de 70 châteaux, belles demeures ou jardins remarquables du Périgord offrent un accueil et des animations inédites pendant les 15 jours des vacances de Pâques aux visiteurs, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs. Certains domaines privés seront d’ailleurs exceptionnellement ouverts à la visite à cette occasion.
En parallèle, la campagne télévisée « Venez vivre le Périgord » est diffusée sur les chaines de grande écoute et déclinée dans d’autres médias pour séduire. Cette action de promotion s’adresse prioritairement aux vacanciers. C’est aussi un moyen de mettre en évidence l’attractivité de notre département à de futurs habitants.
Enfin, la première partie de « l’Odyssée Dordonha » s’est déroulée du vendredi 7 au 14 avril 2023. D’Argentat jusqu’à Libourne et pendant plus d’une semaine, une gabarre ayant à son bord nos produits de qualité et nos savoir-faire, effectuera une descente de la rivière Dordogne, ponctuée par des haltes aux ports de nos villages. Cette épopée, sur les traces de notre histoire, est un challenge pour les gabarriers. Chaque halte sera l’occasion de fêtes. A Libourne, le chargement sera transbordé sur un vieux voilier, qui prendra la mer et rejoindra le port de Vannes, dans le cadre des célèbres fêtes du Golfe. Entre le 15 et le 21 mai 2023, la participation à ces fêtes permettra de valoriser nos territoires. L’organisation de cet événement, initié par la Communauté de communes de de Domme Villefranche du Périgord et portée par une association qui regroupe une quinzaine de partenaires institutionnels, illustre notre capacité à nous fédérer.
Pendant la session du budget primitif, vous avez affirmé que le succès de l’économie du tourisme n’était possible que si notre agriculture et notre économie allaient bien. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi cela ?
Au-delà de notre richesse patrimoniale (grottes, châteaux, bastides…) et notre espace préservé, qui sont des trésors, la Dordogne est forte d’une image d’authenticité qu’il est essentiel de préserver. Ce que viennent chercher les visiteurs, et les habitants d’ailleurs, ce sont des villages vivants, avec des cafés et des écoles, des produits locaux et de qualité, un accueil personnalisé, une convivialité sincère. Si le Périgord ne devient qu’un beau décor, nous aurons perdu une grande partie de notre attractivité et l’équilibre qui fait notre vitalité. C’est pour cela qu’il est important que des habitants vivent tout au long de l’année dans notre département. C‘est pour cela qu’il est important que des agriculteurs et des artisans locaux, puissent gagner leur vie avec des productions de terroir. C’est pour cela qu’il est important que les entreprises et les industries soient florissantes.
Le Périgord est une terre de tourisme depuis longtemps déjà. Quels sont les nouveaux défis à relever pour le Département ?
La question des « villages vivants » et de l’authenticité abordée précédemment est un défi. Compte tenu de la difficulté rencontrée à recruter des du personnel pour compléter les équipes en haute saison, la qualité de l’accueil et du service rendu devient également un enjeu pour beaucoup d’entreprises. La demande en séjour « slow tourisme » qui comprend le déplacement en mode doux et les services ou hébergements respectueux de l’environnement explose. Il est donc important que notre territoire poursuive la réalisation des voies vertes, développe les services de locations et de réparation de vélos, des navettes qui participent d’ailleurs et avant tout à la qualité de vie pour les habitants.