Manifester en faveur du contournement de Beynac, comme l’ont fait les acteurs économiques locaux samedi 21 janvier 2023, c’est soutenir le réel contre une vision fantasmée et méprisante de la ruralité. En effet, il faut revenir à la genèse du projet et à celle de son opposition pour bien comprendre qu’autour de cette infrastructure s’affrontent deux visions diamétralement opposées du monde rural.
Le contournement de Beynac vise à sécuriser la traverse du village en diminuant un trafic routier menacé par des chutes de roches mortelles. Il vise aussi à éviter des embouteillages monstres, qui pénalisent les acteurs économiques et qui peuvent rendre difficile l’accès aux secours en cas d’accident.
Les territoires ruraux sont des espaces de vie, d’animation économique, sociale et culturelle, qui ont le droit au développement, celui-ci pouvant s’inscrire dans le cadre de l’éco-responsabilité, pour reprendre une formule à la mode.
Cette vision positive de la ruralité fait face à une autre, représentée par les opposants au projet de Beynac. Ces derniers ne défendent pas l’environnement. D’ailleurs, concrètement, demander la destruction des piles du pont revient aujourd’hui à exiger la destruction du biotope qui s’est reconstitué autour de l’infrastructure.
Ils défendent un environnement idéalisé (et non idéal) qu’ils projettent sur la Dordogne et qu’ils voudraient imposer. La Dordogne, pour eux, doit être un territoire figé et offrir un paysage immuable que rien ne devrait venir troubler. Tant pis pour les Périgourdins qui rencontrent des difficultés dans leur quotidien. La vision subjective qu’ils ont du paysage périgourdin l’emporte sur toute autre considération liée à la sécurité ou à l’activité économique et sur la réalité même du projet qui s’intègre pourtant parfaitement dans le paysage.
Cette même vision prend aussi en otage l’écologie qui, sur ce dossier, a bon dos. On entend parler ainsi de « bétonisation » de la vallée de la Dordogne. Quand on regarde le contenu du projet, tout cela apparait ubuesque. Le pont permettra d’amoindrir la pollution dans le village. Des mesures exceptionnelles et exemplaires ont été prévues pour préserver et améliorer la biodiversité sur le site.
Enfin, la position des opposants est procédurière jusqu’à vouloir faire payer aux Périgourdins la destruction des travaux réalisés. Parce qu’en réalité, c’est bien l’acharnement juridique qui entraîne l’injonction faite au Département de payer des astreintes. D’autres projets en France sont victimes d’une judiciarisation excessive. Or, ce recours abusif aux tribunaux renforce le sentiment d’injustice chez nos concitoyens et chez les élus locaux car la justice est alors perçue, malgré elle, comme étant instrumentalisée.
Ce qui se joue donc à Beynac, c’est l’intérêt général contre une vision erronée de la ruralité, une vision hors-sol qui ferait de la Dordogne une réserve indienne. C’est pourquoi le Département demande justice, et il s’en explique très clairement dans les quatre pages consacrées au contournement de Beynac inséré dans le magazine Vivre en Périgord de janvier/février 2023 que nous vous invitons à lire !