Retour sur la prise de parole de Olivier Chabreyrou au nom du groupe la Dordogne Unie, lors de la session consacrée au vote du budget primitif 2023.
Chers collègues, Monsieur le Président,
En préambule, je voudrais remercier le personnel départemental et les services pour la qualité des rapports qui nous ont été présentés et rendus, et remercier l’Assemblée départementale pour les travaux et les débats de qualité. Nous prouvons, malgré nos divergences politiques, notre diversité, que la confrontation politique, ici en Dordogne, peut être ferme, rigoureuse, mais toujours respectueuse de chacun et de ses opinions. A travers notre comportement, nous honorons dignement notre collectivité et notre Département.
Hélas, cet état d’esprit, nous ne l’avons pas constaté ces dernières semaines à l’Assemblée Nationale, lors de la discussion sur le projet de loi des retraites. Nous ne pouvons que le déplorer, d’autant plus que le sujet est majeur. D’un côté, on a un gouvernement qui, par l’usage de l’article 47, a restreint de manière cynique l’accès au temps du débat. De l’autre, certains députés qui sont tombés dans le piège de l’outrance, de la provocation et du blocage des débats. Les citoyens et les syndicats qui animent aujourd’hui le mouvement social méritent mieux que ce spectacle affligeant. Un spectacle qui alimente le populisme et nourrit malheureusement le rassemblement national.
« Deux façons de concevoir un budget »
J’en viens donc à notre budget. Il y a deux façons de concevoir un budget, que ce soit pour l’Etat ou pour une collectivité.
Certains y voient une fin en soi. Comme si un alignement comptable des chiffres faisait office même d’une politique. Cette vision-là est terriblement conservatrice, faisant fi des réalités sociales, des réalités économiques, territoriales et surtout des conditions réelles de vie des personnes et des Périgourdins. Le projet de loi sur les retraites est l’archétype de cet aveuglement comptable. Dans ce projet, d’ailleurs inutile si on lit les conclusions du Conseil d’orientation des retraites, ni la pénibilité des métiers, ni l’espérance de vie en bonne santé, ni les difficultés d’embauche ou de maintien des séniors dans l’entreprise, ne sont prises en compte. C’est pourquoi, bien sûr, nous nous opposons fermement à ce projet de loi et notamment à son report de l’âge légal. Je tenais à ce que la majorité départementale l’affirme haut et fort aujourd’hui.
Cette conception-là de l’exercice budgétaire n’est pas la nôtre. Pour nous, le budget n’est pas une fin en soi. Il est l’outil mettant en musique des choix politiques qui font sens, qui donnent des perspectives et surtout qui donnent un horizon aux citoyens. C’est ce que nous avons proposé en 2021, lors d’une campagne départementale qui proposait une vision départementale. Nous la mettrons en œuvre sur toute la durée du mandat. Nous avons un objectif clair.
Aussi, à la conclusion de nos débats, Monsieur le Président, nous devons, tout le temps, nous poser la question suivante : le budget primitif présenté répond-il à une politique solidaire et attractive pour notre département de la Dordogne ? Nous pouvons affirmer avec conviction que oui.
Une gestion dynamique du département de la Dordogne
Assurément, ce budget, chers collègues, s’inscrit pleinement dans une gestion dynamique qui met en œuvre les engagements que la majorité départementale a pris devant les Périgourdins. Il sera donc le levier des grands axes fixés, tout d’abord, en faveur de la solidarité. On peut rappeler le Plan logement que Juliette Nevers a présenté avec Dordogne Périgord Renov’. La poursuite du maintien à domicile ou le plan « 1 000 voitures ». Une politique attentive que Mireille Volpato a présenté en faveur des bénéficiaires du RSA. A ce propos, nous devons éviter la stigmatisation des plus fragiles d’entre nous.
Nous pouvons citer le grand levier de l’accès aux soins. La santé qui prend de plus en plus de place et qui n’est effectivement pas une compétence du Département. Mais peut-on rester impassible devant une telle désertification médicale ? Devrions-nous nous montrer frileux en invoquant des arguties comptables pour ne pas agir et risquer justement d’aggraver la situation ? Ne pas permettre à des milliers de Périgourdins d’avoir un médecin ? Parce que la réalité est-celle-ci aujourd’hui. Si on ne fait rien, on accentuera la pénurie de médecins dans nos territoires ruraux. Oui effectivement, nous avons un idéal. Oui, nous, nous prenons nos décisions en fonction de la réalité, comme le disait Jean Jaurès.
La Dordogne à l’heure de l’excellence environnementale
Bien sûr, un autre grand levier : l’excellence environnementale. Le collège 100% bio, fait maison, c’est un choix politique et c’est surtout un choix de société. Nous, nous sommes des élus, nous sommes les représentants de la société. J’ai toujours pensé qu’une politique publique devait être en réponse à ce que souhaite la société. C’est l’exemple même que nous développons avec les collèges 100% bio. On ne peut pas faire une agriculture déconnectée des choix de la société. Aujourd’hui, on nous demande de la sécurité sanitaire au niveau de l’alimentation. La société nous demande une protection de l’environnement. Je ne vois pas pourquoi les élus que nous sommes ne pourraient pas répondre à une demande forte de la société. L’exemple de l’abattoir de Ribérac illustre bien cette demande de « localement », où nous devons apporter une réponse. Bien sûr, nous avons un idéal, là encore, et la réalité nous amènera à faire des choix. Ils seront basés sur une prépondérance économique avant tout, en respectant les choix sociétaux et sociaux qu’attendent nos producteurs sur le territoire de Ribérac.
Nous allons accentuer le développement de la filière bois. Les Assises départementales de la Forêt en Dordogne ont été un véritable succès. Cela a permis de mettre en discussion que nous avions une ressource forte nous permettant de sortir des énergies fossiles. Une ressource permettant, demain, de faire des économies d’énergie importantes sur nos équipements publics et notamment nos collèges. Nous avons pu entrer dans le dialogue entre ceux qui veulent une protection de la forêt en préservant la ressource, et ceux qui veulent aussi continuer à l’aménager, la développer. Je pense que les deux peuvent se regrouper. A travers notre politique départementale forestière, nous incarnons ce choix-là : continuer à aménager, continuer à se développer, tout en protégeant.
Le développement du numérique et l’aménagement du territoire
Le développement de la fibre et du numérique sera fini en 2025. Heureusement que nous sommes là pour amener les 10 millions d’euros annuels pour avoir ce service, qui aujourd’hui est plus attendu que boucher les nids de poule sur la voirie. Aujourd’hui, concrètement, nous avons des demandes fortes en terme de développement du numérique, tant pour les entreprises que pour les particuliers et le monde du télétravail.
Continuons aussi à poursuivre nos projets en terme d’aménagement du territoire. Et là, je pense à la voirie départementale. Bientôt, nous allons pouvoir retrouver des liens économiques avec le Lot, grâce au pont de Groléjac, qui sera fini en 2023. Dans le même temps, nous allons poursuivre et j’espère conclure très favorablement, le contournement de Beynac avec ce nouveau dossier qui a été déposé. D’autres opérations sont en cours, grâce à l’investissement départemental que nous réalisons.
Le vivre-ensemble
Nous voulons aussi maintenir notre aide aux tiers. Maintenir cela, comme rappelé par mes collègues, c’est le soutien aux communes et aux intercommunalités. Le soutien aux associations et à la vie culturelle, parce que bien sûr, comme nos collègues communistes, nous savons que ce qui fait le terreau de ce Périgord, c’est le vivre ensemble. Et ce depuis que nous, la gauche, sommes aux affaires, donc depuis 1994. Parce que c’est la Gauche qui agit et c’est la Droite qui réagit. Depuis 1994, les Périgourdins ont bien compris qu’ils préfèrent avoir une gauche aux affaires et avoir une Droite en réaction.
Le développement économique
A ce jour, il nous faut ajouter notre volonté forte d’agir pour le développement économique. On pourrait citer par exemple la foncière départementale. Là aussi, nous mettons plus de 50 % de crédits nécessaires à la foncière. Nous poursuivrons nos aides économiques au monde de l’entreprise dans notre domaine de compétences. Le budget 2023 va permettre de réaliser cela, car c’est un budget responsable, un budget rigoureux, un budget de combat, aux antipodes de la frilosité. C’est un budget qui prend en compte la réalité et qui va répondre à un « effet ciseaux ». Je préfère toujours voir le verre à moitié plein, il nous faut rester optimiste. Ce budget-là est assurément optimiste. C’est un budget de combat face à l’augmentation des dépenses que subissent tous les départements sans distinction de leur couleur politique. C’est un budget de combat aussi face à la restriction de l’autonomie des départements.
Malgré donc tout cela, Monsieur le Président, vous nous présentez un budget d’avenir, un budget responsable, un budget pérenne. Aussi, nous votons pour !
Au niveau national, nous serons très vigilants quant à l’évolution des débats qui s’engagent aujourd’hui sur la réforme institutionnelle.
La prise de parole de Olivier Chabreyrou, Président du groupe La Dordogne Unie, en vidéo :